lundi 24 octobre 2011

ABC et Life - Cycle Costing

 

Aujourd’hui, les entreprises ont un souci commun qui est le potentiel de pertes futures dû à l’importance croissante de la responsabilité qu’elles ont envers l’environnement et la société. Donc, il y a un besoin croissant de déterminer comment allouer les coûts environnementaux aux produits, et une des solutions proposées est la fusion de l’Activity Based Costing – ABC — et du Life-Cycle Costing – LCC — comme techniques pour réaliser cette allocation.
LIFE CYCLE COSTING –LCC- :
LCC est « une approche dans le champ de la comptabilité de management qui se concentre sur les coûts totaux qui surviennent pendant la vie d’un produit » (Lindholm et Soumala, 2007 : 1), c’est-à-dire dès sa phase de recherche et conception jusqu’à sa phase d’élimination. De cette façon, on ne tient pas compte seulement des coûts de fabrication, ce qui est l’approche traditionnelle, mais l’on élargit la vision et le traitement des coûts.

La méthode consiste à comprendre la nature du cycle de vie d’un produit et les activités qui sont réalisées pendant chaque étape (Lindholm et Soumala, 2007 : 655) afin d’identifier les coûts dans chaque phase. Ensuite, il faut actualiser les coûts futurs au présent dans le but de prévoir les possibles risques, les opportunités et aussi les produits qui ne sont pas rentables à cause de l’inclusion de ces coûts ultérieurs (par exemple les coûts environnementaux).
Il est important d’identifier les types des coûts environnementaux qui selon Caron et al (2006) peuvent se classifier comme suit :



Source : Caron et al, 2006 : 3
De cette façon, c’est l’entreprise qui doit décider jusqu’à quel niveau veut-elle reconnaître et allouer ces coûts environnementaux en absence d’un cadre législatif qui la force à atteindre le niveau 3.  
Néanmoins, si une entreprise veut être certifiée, elle doit satisfaire aux critères énoncés  par l’organisme de certification. Ainsi, il a été nécessaire de normaliser le processus de l’analyse de cycle de vie afin qu’elle soit crédible et comparable. C’est avec la norme ISO 14040, qui décrit les principes et le cadre pour réaliser une analyse de cycle de vie et avec la norme ISO 14044, qui décrit les exigences et les lignes directrices que ceci a été fait.[1]
ACTIVITY BASED COSTING –ABC- :
La comptabilité par activités est un outil qui rend possible une meilleure gestion des coûts, surtout lorsque la proportion des coûts indirects est significative, car elle permet de mieux les allouer et d’identifier ceux qui sont cachés dans les frais généraux.
En utilisant la méthode traditionnelle, qui alloue les coûts en fonction du volume comme principal inducteur, on peut avoir des chiffres qui ne correspondent pas au coût de revient véritable d’un produit ni à sa rentabilité. Donc, il est essentiel de déterminer ces coûts et voir leur poids dans les frais généraux, car il se peut qu’il y ait une mauvaise allocation qui fournit de l’information erronée. Néanmoins, l’ABC a de limites aussi tels que sa complexité, son coût d’implantation et la difficulté à grouper les activités et trouver les bons inducteurs de coûts.    
LCC + ABC :
L’idée de fusionner l’approche LCC et ABC permet d’élargir le concept des coûts du berceau au tombeau tout en les estimant dans chaque activité. Donc, les coûts environnementaux seront alloués aux produits qui les causent et non pas à tous les produits. De cette façon, on pourra distinguer les produits qui sont plus polluants ou qui risquent d’entrainer plus de coûts dans le futur dans la phase d’élimination du produit par exemple, et par conséquent, la direction pourra prendre des décisions plus éclairées, soit de sous-traiter une partie de la production, de faire payer aux consommateurs une prime pour les produits polluants qui entrainent plus de coûts, de privilégier les produits plus verts, entre autres.
Par exemple, Arisoy et al., considèrent que l’utilisation de ces deux outils (LCC analysis et ABC) est importante pour les décisions de sous-traitance. Ils affirment que « l’analyse des processus et l’application de l’ABC fournissent de l’information détaillée sur la structure des coûts présente; néanmoins, la décision de sous-traiter a un impact majeur sur la structure des coûts futurs d’un produit et le l’analyse LCC permet d’évaluer les alternatives selon les bénéfices futurs » p. 5. 
Le LCC exige que « tous les coûts passés, présents et futurs (en particulier les environnementaux), soient inclus dans l’analyse de rentabilité d’un produit » (Kreuze et Newell, 1994 : 41). Il est vrai qu’estimer les coûts futurs est une tâche difficile, mais il y a des méthodes pour les faire et que le taux d’actualisation utilisé peut aussi causer des controverses; cependant, si l’on les prend en considération, l’organisation agira de manière proactive et pourra faire des prévisions sur ce qui peut arriver dans le moyen et long terme.
En plus, trouver les bons inducteurs des coûts pour chaque activité peut aussi entrainer des difficultés et de la subjectivité, mais lorsqu’il n’y a pas une gamme des produits trop large, c’est un outil de gestion faisable et très utile. Aussi, il faut être conscient qu’il est probable que le cadre législatif soit renforcit dans le futur proche et donc, il vaut mieux pour les entreprises d’être prêtes.
L’idée est de ne pas sur ou sous — estimer les coûts, comme l’on vient de le dire ces approches impliquent de l’incertitude à cause des hypothèses sur le comportement des coûts dans le long terme, mais selon Emblemsvag[2] (2003), « la simulation de Monte-Carlo est une méthode utile aux fins de gestion des coûts qui permet de modéliser l’incertitude des variables d’entrée du modèle de cycle de vie en utilisant des distributions de probabilité afin de mesurer numériquement l’effet de cette incertitude sur les variables de sortie » (Lindholm et Soumala, 2007 : 656).
Donc, le LCC élargit l’analyse qui se fait avec l’ABC afin de considérer les coûts futurs, qui peuvent inclure les niveaux 2 et 3. Ceci permet de fournir à la direction de l’information sur les coûts de produits plus précise, ainsi que sur les activités qui n’ajoutent pas de la valeur dans le but de maximiser la rentabilité, minimiser les coûts ainsi que les risques et devenir éco responsables. 


Pour conclure, voici un schéma tiré de CMA Management qui montre les méthodes pour mesurer les coûts environnementaux selon ce que les entreprises veulent faire.  
Source : Rannou et Henri, 2010 : 31

RÉFÉRENCES : 
  • Arisoy Ozlem, N. Mehmet Gokhan, Kim LaScola Needy, and Bopaya Bidanda. Activity Based Costing and Life Cycle Costing in Outsourcing Decision Analysis. Department of Industrial Engineering. University of Pittsburgh. Pittsburgh, PA 15261, USA. 
  • Caron, Marie-Andrée; Fortin, Anne; Ferchichi Mohamed Nars-Eddine. Le comptable et la responsabilité sociale de l’entreprise: une question de connaissances ou des compétences? Revue Gestion, Été 2006, 31, 2, p. 92 
  • Kreuze, Jerry G; Newell, Gale E. ABC and life-cycle costing for environmental expenditures. Strategic Finance; Feb 1994; 75, 8. 
  • Lindholm Anni and Petri Suomala. Learning by costing: Sharpening cost image through life cycle costing? Tampere University of Technology, Cost Management Center, Institute of Industrial Management, Tampere, Finland. International Journal of Productivity and Performance Management, Vol. 56 No. 8, 2007, pp. 651-672. 
  • Rannou, Clémence et Jean-François Henri. The better way to measure environmental costs. CMA Management. June-July 2010. 

[2] Jan Emblemsvag est l’auteur du livre « Life-Cycle Costing : Using Activity-Based Costing and Monte Carlo Methods to Manage Future Costs and Risks »


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